Shimon Peres est né à Vishneva, en Pologne, en 1923. Arrivé dans la Palestine d’alors à l’âge de 11 ans, il étudie à l’école “Géoula” de Tel-Aviv puis dans le village de jeunes de Ben-Shemen. Membre d’un mouvement de jeunesse pionnière, il rejoint, avec son groupe, le kibboutz “Aloumoth” en Galilee et s’adonne à l’agriculture.
A la veille de l’indépendance, David Ben-Gourion, qui a remarqué les capacités du jeune homme, lui confie des missions de sécurité délicates; Peres se distingue rapidement par son intelligence et ses qualités d’organisateur hors pair et Ben-Gourion en fait son homme de confiance au ministère de la défense. En quelques années, Peres en devient le directeur général jusqu’à sa nomination comme vice ministre de la défense. Pendant toutes ces années, son souci essentiel sera d’assurer l’approvisionnement d’Israël en armement sophistiqué et en pièces de rechange, d’abord de l’extérieur puis par la mise sur pied une industrie militaire nationale, dont surtout la célèbre industrie aéronautique. Il utilise ses relations personnelles, surtout en Europe occidentale, pour poser les bases d’une infrastructure de recherche nucléaire israélienne.
A la suite de la crise que provoque la Guerre de Kippour, Shimon Peres devient ministre de la défense dans le premier gouvernement Rabin et il prend l’initiative de l’ “Opération Jonathan” pour libérer les hôtages israéliens kidnappés à Entebe, en Ouganda.
Apres l’arrivée de Menahem au pouvoir, Peres, à la tête des travaillistes défaits, prend sur lui de rénover son parti; lui, depuis toujours identifié avec la tendance “faucon”, déclare ouvertement que la conjoncture internationale a changé et que l’Etat d’Israël est assez fort pour tenter la chance de participer à un “nouveau Moyen Orient” pacifique.
Dans le gouvernement d’Union nationale de 1984, il sera Premier Ministre pendant les deux premières années et, en vertu de l’accord de rotation, il passera la main à Yitzhak Shamir et sera, successivement, ministre des Affaires étrangères puis ministre des finances.
En 1992, la victoire des travaillistes conduits par Yitzak Rabin ramènera Shimon Peres aux Affaires Etrangères. Après des années d’animosité entre les deux hommes, se créé entre eux une division du travail qui se transformera en collaboration loyale et même en amitié pendant les mois qui précèdent l’assassinat de Rabin.
Peres met toute son énergie en vue de renforcer le processus de paix, commencé à la conférence de Madrid en 1991. Il agit aussi bien par voie diplomatique officielle que par contacts secrets, par la presse ou par les livres. Ses efforts seront couronnés de succès; par l’intermédiaire du ministre norvégien des Affaires Etrangères, un tournant historique, qui met fin à un siècle de haine et de lutte, s’amorce à Oslo avec l’ouverture d’un dialogue direct entre l’Organisation de Libération de la Palestine dirigée par Arafat et l’Etat d’Israël. En septembre 1993, un accord de principe est signé à Washington sur un arrangement étagé sur 5 ans qui doit conduire à une solution pacifique définitive entre les deux peuples.
La perspective d’une solution négociée du problème palestinien permettra, en octobre 1994, la signature d’une paix globale entre Israël et le Royaume de Jordanie et un processus lent mais irréversible de normalisation entre Israël et la majorité des pays arabes.
Le prix Nobel de la paix, expression de la reconnaissance internationale face à ce bouleversement historique, couronnera en 1994 Ytzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat, pour le courage avec lequel ils dominèrent toutes les difficultés sur la voie de la paix.
Cependant le processus de paix se heurta à l’opposition des fanatiques des deux camps; face à un terrorisme arabe accru, les milieux religieux et nationalistes extrémistes menèrent une campagne hystérique qui atteint son apogée avec l’assassinat d’Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995. Cette fois, il apparut comme évident que Shimon Peres était l’homme de la situation pour diriger Israel à cette heure dramatique et chargée d’espérance. La Knesseth entérina sa nomination comme chef du gouvernement sans presque d’opposition et Shimon Peres exprima sa volonté inflexible de continuer et de renforcer le processus de paix avec tous les peuples arabes voisins.
l'architecte de l'industrie militaire israélienne, le promoteur d'un "nouveau Moyen Orient" à l'heure de la paix.