Tobias ASSER est né à Amsterdam en 1838 dans une famille de juristes. A l’âge de vingt-deux ans, il passe son doctorat de Droit et représente la Hollande à la conférence internationale sur la liberté de navigation sur le Rhin. En 1893, il est membre du Conseil d’Etat néerlandais et, cinq ans plus tard, président de la commission de Droit international privé dont nous voyons ici la première séance.
Tobias Asser contribue à la création du tribunal international de La Haye dans lequel il est, dès 1900, membre du comité d’arbitrage international. Il se révèle un médiateur et un arbitre très doué. Il sera ministre sans portefeuille dans le gouvernement néerlandais de 1904 jusqu’à sa mort, en 1913
C’est en 1911 que Tobias ASSER est couronné du Prix Nobel de la paix, avec le journaliste juif autrichien Alfred Hermann Fried, pour son action ininterrompue visant à uniformiser le Droit international pour assurer plus de sécurité et de justice aux individus dans les relations inter-étatiques.
Il est persuadé que les conflits entre Etats peuvent être résolus pacifiquement dans un cadre international par une codification librement adoptée par chaque pays sans remettre en cause la complète souveraineté législative des nations.
Tobias Asser est un des pères du Droit international moderne.
Menahem Béguin est né en 1913 à Brest-Litovsk en Biélorussie; il reçut une éducation juive nationale et traditionnelle. Il fit ses études de Droit de l’Université de Varsovie. Actif très tôt dans le mouvement de jeunesse sioniste-national “Betar” de Pologne, il en prit la direction en mars 1939 et organisa l’Alyah vers Israël.
En 1941, Menahem Béguin est condamné à huit ans de travaux forcés en Sibérie pour activités sionistes; libéré après quelques mois, il se joint à l’armée polonaise du général Anders avec laquelle il arrive en Palestine mandataire en mai 1942.
En 1943, Menahem Béguin prit le commandement de l’ “Irgoun”, organe militaire clandestin du mouvement “Betar”. Un an plus tard, il appelait à la révolte généralisée contre les autorités britanniques. Parmi les actions audacieuses de l'”Irgoun”, signalons l’attaque de la prison militaire de Saint-Jean d’Acre ou la bombe placée dans les bureaux du gouvernement mandataire à l’Hôtel King David à Jérusalem.
En 1948, après la proclamation de l’indépendance, Menahem Béguin fonda le parti “Hérouth”; il se révèle un parlementaire brillant et incisif comme chef de l’opposition, pendant des années.
En 1977, Menahem Béguin arrive au pouvoir, septième premier ministre de l’Etat d’Israël. Le principal succès de son gouvernement fut la signature d’un accord de paix avec l’Egypte à la suite de la visite du président Saadate à Jérusalem. En conséquence de quoi, et conjointement à ce dernier, Menahem Béguin reçut en 1978 le prix Nobel de la Paix.
En août 1983, en pleine guerre du Liban, Menahem Béguin démissionna de son poste de chef du gouvernement et, sans jamais expliquer les causes de cette décision, il se retira de toute vie publique jusqu’à sa mort, le 10 mars 1992.
Orateur hors pair, il enthousiasmait les foules et certains de ses discours sont restés célèbres. Béguin garda toujours le sentiment de la culpabilité du monde face aux souffrances du peuple juif, particulièrement au lendemain de la shoah. C’est ainsi qu’il justifiait la nécessité de renforcer la puissance militaire juive “non pour le droit de la force mais pour la force du Droit”, comme il aimait à le dire.
Béguin reste connu pour son attachement au pays et au peuple d’Israël, pour sa personnalité d’homme de paix, humaniste et modeste, fidèle toute sa vie à ses convictions et à sa parole.
René Cassin est né à Bayonne en 1887. Il reçoit son doctorat en Sciences économiques, politiques et juridiques en 1914.
La même année, la première Guerre Mondiale éclate. Mobilisé, René Cassin est très gravement blessé. Il tirera de sa douloureuse expérience du champ de bataille une leçon d’altruisme.
En dehors de ses activités en faveur des mutilés de guerre et des “Pupilles de la Nation”, il représente la France dans les Institutions internationales d’abord à la Société des Nations, plus tard à l’ONU. Au lendemain de la capitulation française, il est le premier civil à répondre à l’appel du général de Gaulle et négocie au nom de son gouvernement en exil la reconnaissance de la “France Libre”.
Face aux horreurs de la deuxième Guerre mondiale, René Cassin met ses connaissances juridiques et toute sa foi humanitaire au service de la “Commission des Nations-Unis pour les Droits de l’homme” et c’est lui qui rédigera l’essentiel de la “Déclaration Universelle des Droits de l’Homme”.
C’est en 1968 que René Cassin recevra le Prix Nobel de la Paix pour son action infatigable contre l’oppression et l’injustice partout dans le monde.
René Cassin a consacré à ses coréligionnaires des années d’effort en tant que président de l’Alliance Israélite Universelle au service des communautés juives du monde entier.
René Cassin s’est éteint à Paris en 1976 à l’âge de 89 ans.
Alfred Fried est né à Vienne en 1864 mais c’est à Berlin qu’il passera le plus clair de sa vie. Il créera des organisations, écrira des milliers d’articles, des dizaines de livres, éditera journaux et revues en faveur de l’entente entre les peuples, ce jusqu’à sa mort en 1921.
En hommage à cet engagement de tous instants, Alfred Fried a reçu en 1911 le prix Nobel de la paix.
Henri Kissinger est né à Fürth en Allemagne en 1923. A l’âge de 15 ans, il émigre aux Etats-Unis avec sa famille. En 1973, Henry Kissinger, conjointement à son homologue vietnamien Le Duc Tho, a reçu le prix Nobel de la paix “en reconnaissance de leurs efforts pour un accord de paix entre le Sud et le Nord Vietnam”.
Kissinger, comme conseiller des présidents américains Kennedy et Johnson et comme secrétaire d’Etat de l’administration Nixon et Ford a contribué à la détente entre les deux blocs en pleine guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS et à la reprise des relations diplomatiques avec la Chine.
Dans les années 1974-1975, après la guerre de Kippour, il se consacra à l’ouverture d’un processus de paix au Moyen Orient. Il fit une série d’aller et retour entre les capitales de la région jusqu’à la signature d’un accord de séparation des forces armées suivi d’un accord intérimaire entre Israël et l’Egypte. Ces accord conduisirent à la signature du traité de paix entre les deux pays.
Shimon Peres est né à Vishneva, en Pologne, en 1923. Arrivé dans la Palestine d’alors à l’âge de 11 ans, il étudie à l’école “Géoula” de Tel-Aviv puis dans le village de jeunes de Ben-Shemen. Membre d’un mouvement de jeunesse pionnière, il rejoint, avec son groupe, le kibboutz “Aloumoth” en Galilee et s’adonne à l’agriculture.
A la veille de l’indépendance, David Ben-Gourion, qui a remarqué les capacités du jeune homme, lui confie des missions de sécurité délicates; Peres se distingue rapidement par son intelligence et ses qualités d’organisateur hors pair et Ben-Gourion en fait son homme de confiance au ministère de la défense. En quelques années, Peres en devient le directeur général jusqu’à sa nomination comme vice ministre de la défense. Pendant toutes ces années, son souci essentiel sera d’assurer l’approvisionnement d’Israël en armement sophistiqué et en pièces de rechange, d’abord de l’extérieur puis par la mise sur pied une industrie militaire nationale, dont surtout la célèbre industrie aéronautique. Il utilise ses relations personnelles, surtout en Europe occidentale, pour poser les bases d’une infrastructure de recherche nucléaire israélienne.
A la suite de la crise que provoque la Guerre de Kippour, Shimon Peres devient ministre de la défense dans le premier gouvernement Rabin et il prend l’initiative de l’ “Opération Jonathan” pour libérer les hôtages israéliens kidnappés à Entebe, en Ouganda.
Apres l’arrivée de Menahem au pouvoir, Peres, à la tête des travaillistes défaits, prend sur lui de rénover son parti; lui, depuis toujours identifié avec la tendance “faucon”, déclare ouvertement que la conjoncture internationale a changé et que l’Etat d’Israël est assez fort pour tenter la chance de participer à un “nouveau Moyen Orient” pacifique.
Dans le gouvernement d’Union nationale de 1984, il sera Premier Ministre pendant les deux premières années et, en vertu de l’accord de rotation, il passera la main à Yitzhak Shamir et sera, successivement, ministre des Affaires étrangères puis ministre des finances.
En 1992, la victoire des travaillistes conduits par Yitzak Rabin ramènera Shimon Peres aux Affaires Etrangères. Après des années d’animosité entre les deux hommes, se créé entre eux une division du travail qui se transformera en collaboration loyale et même en amitié pendant les mois qui précèdent l’assassinat de Rabin.
Peres met toute son énergie en vue de renforcer le processus de paix, commencé à la conférence de Madrid en 1991. Il agit aussi bien par voie diplomatique officielle que par contacts secrets, par la presse ou par les livres. Ses efforts seront couronnés de succès; par l’intermédiaire du ministre norvégien des Affaires Etrangères, un tournant historique, qui met fin à un siècle de haine et de lutte, s’amorce à Oslo avec l’ouverture d’un dialogue direct entre l’Organisation de Libération de la Palestine dirigée par Arafat et l’Etat d’Israël. En septembre 1993, un accord de principe est signé à Washington sur un arrangement étagé sur 5 ans qui doit conduire à une solution pacifique définitive entre les deux peuples.
La perspective d’une solution négociée du problème palestinien permettra, en octobre 1994, la signature d’une paix globale entre Israël et le Royaume de Jordanie et un processus lent mais irréversible de normalisation entre Israël et la majorité des pays arabes.
Le prix Nobel de la paix, expression de la reconnaissance internationale face à ce bouleversement historique, couronnera en 1994 Ytzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat, pour le courage avec lequel ils dominèrent toutes les difficultés sur la voie de la paix.
Cependant le processus de paix se heurta à l’opposition des fanatiques des deux camps; face à un terrorisme arabe accru, les milieux religieux et nationalistes extrémistes menèrent une campagne hystérique qui atteint son apogée avec l’assassinat d’Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995. Cette fois, il apparut comme évident que Shimon Peres était l’homme de la situation pour diriger Israel à cette heure dramatique et chargée d’espérance. La Knesseth entérina sa nomination comme chef du gouvernement sans presque d’opposition et Shimon Peres exprima sa volonté inflexible de continuer et de renforcer le processus de paix avec tous les peuples arabes voisins.
Yitzak Rabin est né à Jérusalem en 1922. Il étudie à “l’école des enfants d’ouvriers” de Tel-Aviv puis à l’école d’agriculture “Kadouri”. Il s’engage en 1940 dans les commandos de choc du “Palmah” et participe comme combattant et comme officier à de nombreuses actions militaires. En 1947, Rabin devient l’adjoint en chef des commandos du “Palmah”, et en 1948, il n’a alors que 26 ans, il commande la brigade “Harel” qui dégage la Jérusalem juive encerclée.
Avec la création de Tsahal, l’Armée de Défense d’Israël, il remplit des fonctions de grande responsabilité jusqu’à sa nomination au poste de septième chef d’Etat-Major israélien en 1964. En 1967, c’est donc lui qui remporte la grande victoire éclair de la Guerre des Six-Jours contre les armées égyptiennes, syriennes et Jordaniennes et qui réunifie la ville de Jérusalem. Son discours de récipiendaire du doctorat “honoris causa” de l’Université hébraïque sur le Mont Scopus est resté comme le symbole des principes humanistes qui se doit d’animer un soldat juif.
En 1968, Rabin quitte l’uniforme pour l’ambassade de Washington. En 1973, il entre à la Knesseth et devient pour quelques mois ministre du travail dans le gouvernement Golda Meïr. A la suite de la Guerre de Kippour, Golda Meïr démissionne et Yitzhak Rabin se trouve soudain investi du poste de chef du gouvernement. C’est à ce poste qu’il signe les accords de séparation des forces avec l’Egypte et la Syrie.
En 1977, Rabin démissione et c’est seulement en 1992, avec la victoire du parti travailliste, qu’il redevient premier ministre. Il s’engage solennellement à promouvoir le processus de paix avec les pays arabes, entamé à la conférence de Madrid en 1991.
Le plus succès le plus manifeste du gouvernement Rabin restera le tournant historique dans les relations israélo-palestiniennes et l’ouverture, après un siècle de haine et de violence, de négociations directes qui conduisirent, en septembre 1993 à Washington, à la poignée de main Rabin-Arafat lors de la signature de l’accord de principe sur un accommodement de cinq ans à la suite duquel sera négocié l’accord de paix permanent entre Israël et les Palestiniens.
La perspective d’une solution juste du problème palestinien a ouvert la voie à la signature d’un accord de paix complet entre Israël et le royaume de Jordanie, en octobre 1994 et au début d’un processus de normalisation avec la majorité des pays arabes.
A la suite de ce bouleversement historique, Yitzak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat ont reçu ensemble, en 1994, le Nobel de la Paix en hommage au courage avec lequel il ont surmonté tous les obstacles sur le chemin du dialogue.
Cependant le processus de paix avec les Palestiniens se heurta, d’un coté, à un renforcement du terrorisme arabe et, de l’autre à une contestation virulente de l’opposition de droite et des milieux religieux extrémistes en Israël.
Le samedi 4 novembre 1995, à la fin d’une grande manifestation des partisants du processus de paix, un membre d’un groupuscule de l’extrème droite religieuse, réussit à s’infiltrer parmi les agents du service de sécurité et assassina Yitzak Rabin de trois balles de révolver. Un immense deuil enveloppa toute la population israélienne et une grande affliction face à la disparition d’un dirigeant aussi énergique que populaire, l’homme qui avait conduit son peuple au combat et qui le guidait maintenant vers la paix. La mort d’Yitzak Rabin fut l’occasion pour les jeunes israélien d’exprimer leur identification avec celui qui symbolise le “Sabra”, l’Israélien nouveau et l’occasion d’affirmer la volonté pacifique de la jeune génération de l’Etat d’Israël.
Elie Wiesel est né en 1928 dans la petite ville de Sighet en Roumanie. A l’âge de 15 ans il est déporté dans un camp d’extermination avec sa famille; ses parents et sa plus jeune soeur y trouvèrent la mort. Seul Elie et deux de ses soeurs en sortiront vivants.
Après la libération des camps, il arrive en France comme réfugié; il fait des études en Sorbonne à Paris et à 19 ans, il arrive en Israël en pleine guerre d’indépendance comme correspondant de guerre d’un journal français. Par la suite, il sera correspondant du journal israélien “Yediyoth Aharonoth” puis il partira à New-York se joindre à la rédaction du plus grand journal Yiddish “Parewerts”. Elie Wiesel fut d’abord professeur d’études juives à l’Université de New-York et, depuis 1976, il est de professeur de Lettres à l’Université de Boston.
Après le long silence qu’il s’impose pendant dix ans, Elie Wiesel publie en 1956 “La nuit”, récit de ce qu’il a vécu dans les camps de la mort, d’abord en Yiddish puis dans des dizaines de langues. Depuis il a écrit plus de trente livres qui lui valurent une notoriété universelle.
C’est en 1986 qu’Elie Wiesel a reçu le prix Nobel de la paix. Les juges du Comité Nobel de la Paix soulignèrent dans leurs attendus que “l’oeuvre d’Elie Wiesel n’est pas seulement un témoignage de ce qu’il a vécu mais aussi une analyse des forces du mal coupables de toutes ces atrocités – son objet essentiel est le problème des mesures qu’il nous faut prendre pour interdire à jamais que de telles horreurs ne se reproduisent”.
Elie Wiesel est un militant actif pour les droits de l’homme partout dans le monde. Son nom est lié à la lutte pour les Juifs d’URSS, pour les Indiens du Nicaragua, pour les Kurdes, pour les victimes de l’Apartheid en Afrique du Sud, de la famine en Afrique, de la guerre civile dans l’ex-Yougoslavie… Il est un conférencier très sollicité partout dans le monde et ses interventions sont en général consacrées à des sujets humanitaire. Son influence morale en a fait un interlocuteur de choix, entre autres, pour la plupart des présidents américains et français.
Elie Wiesel, dans ses actions et son oeuvre,ne cherche pas à apitoyer le monde sur les victimes et les rescapés du génocide mais à secouer l’indifférence au mal qui fait de chacun de nous un complice du crime. Pour lui, ” on peut sortir d’Auschwitz, on ne peut pas s’en libérer”.